Les différentes approches de dépistage et de traitement des lésions précancéreuses | Cliquez sur les images pour agrandir et afficher les légendes |
Le dépistage du cancer du col de l’utérus vise à détecter la maladie au stade précancéreux chez des femmes asymptomatiques et en bonne santé apparente, quand le traitement des lésions est simple et permet d’éviter leur évolution vers un cancer. Le modèle pour le dépistage du cancer du col de l’utérus et la prise en charge des lésions précancéreuses évolue rapidement. La plupart des pays à revenus élevés ont en effet réussi à réduire de façon significative l’incidence du cancer du col de l’utérus grâce au dépistage par frottis cervico-utérin et au traitement des lésions précancéreuses ainsi détectées. Mais dans les pays disposant de ressources limitées, il est difficile d’avoir accès à des services de cytologie de grande qualité. C’est pourquoi, compte tenu des limites du dépistage s’appuyant sur la cytologie, les premières Lignes directrices de l’OMS pour le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses pour la prévention du cancer du col de l’utérus (2014) préconisaient le recours à l’IVA comme test de dépistage en première intention dans de tels contextes.
Avec la mise à jour de ses lignes directrices en 2021 (WHO guideline for screening and treatment of cervical pre-cancer lesions for cervical cancer prevention, second edition), l’OMS encourage désormais tous les pays à utiliser les tests de détection du VPH pour le dépistage du cancer du col de l’utérus plutôt que l’IVA ou la cytologie. Il préconise également d’adopter l’approche « dépister et traiter » pour les femmes positives au VPH au sein de la population féminine générale et de privilégier l’approche « dépister, trier et traiter » pour les femmes vivant avec le VIH. L’approche « dépister et traiter » consiste à proposer un traitement immédiat aux femmes dont le test de dépistage par détection du VPH ou IVA est positif, sans avoir recours à la colposcopie et/ou à l’histopathologie pour confirmer la lésion, ce qui est plus nettement plus simple dans les milieux aux ressources limitées. Cette approche a en effet pour principal intérêt de réduire le nombre de consultations au centre de santé et d’améliorer ainsi l’observance du traitement. En revanche, son principal problème réside dans le fait qu’elle entraine un traitement inutile chez un nombre important de femmes dont le test VPH est positif , mais qui ne présentent pas de lésions précancéreuses (résultat faux positif). Le taux de faux positifs pour le test VPH étant particulièrement élevé chez les femmes vivant avec le VIH, si on utilise le test VPH pour le dépistage du cancer du col utérin, il faudrait traiter 40 à 50% d’entre elles dans le cadre d’une approche « dépister et traiter », ce qui n’est pas pensable. C’est pourquoi, l’OMS recommande alors d’adopter l’approche « dépister, trier et traiter » (décrite plus loin) chez les femmes vivant avec le VIH. L’approche « dépister, trier et traiter » consiste à proposer aux femmes dont le dépistage par test VPH en première intention est positif, un second test pour identifier celles qui présentent des néoplasies cervicales. Seules les femmes positives à ce second test, appelé test de triage, reçoivent un traitement. L’IVA est l’un des tests de triages recommandés par l’OMS, en particulier chez les femmes vivant avec le VIH. Les pays disposant de ressources suffisantes peuvent avoir recours à la cytologie pour trier les femmes positives au VPH, et seules celles dont le test VPH positif est associé à une cytologie anormale sont orientées vers une colposcopie pour confirmation. En diminuant le nombre de faux positifs, le triage réduit ainsi le nombre de femmes nécessitant un traitement. Celles dont le test VPH positif est associé à une cytologie normale (test de triage négatif) doivent refaire un test VPH au bout d’1 an (pour les femmes vivant avec le VIH) ou 2 ans.
Que ce soit dans le cadre de l’approche « dépister et traiter » ou « dépister, trier et traiter », la plupart des femmes reçoivent un traitement ablatif (décrit plus loin), Les techniques ablatives sont en effet plus simples et génèrent moins de complications que les techniques d’excision. Enfin, indépendamment de la stratégie de dépistage utilisée, l’éligibilité au traitement ablatif est déterminée par l’examen du col après application d’acide acétique. Le praticien doit pour cela suivre les principes de base et les étapes de l’IVA. Le prélèvement médicalisé des échantillons cervico-utérins destinés aux tests VPH est réalisé par un professionnel de santé qui procède au prélèvement à l'aide d'une brosse ou d'un écouvillon, après avoir exposé le col de l'utérus à l'aide d'un spéculum. Il est toutefois possible pour une femme d’insérer elle-même l’écouvillon dans la partie haute de son vagin et de procéder ainsi à un auto-prélèvement. Les performances du test VPH sont presque aussi élevées à partir d’un auto-prélèvement que d’un prélèvement médicalisé (décrit plus loin).
Une bonne connaissance des principes et des techniques de l’IVA est indispensable pour les personnels de santé intervenant dans un programme de dépistage par détection du VPH qui préconise soit le traitement de toutes les femmes positives au VPH (approche dépister et traiter), soit leur triage par IVA. Il leur est donc conseillé de consulter également l’“Atlas de l’inspection visuelle à l’acide acétique du col de l’utérus pour dépister, trier et déterminer l’éligibilité des lésions au traitement ablatif”. |